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Pas de Démos Kratos sans tirage au sort

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Pour 99% d’entre nous, le théorème « élections=démocratie » parait évident. Une démocratie sans élections ? Impensable ! Pourtant la réalité est impitoyable : la seule véritable démocratie qui ait jamais existé, à savoir Athènes il y a 2500 ans, ne pratiquait pas les élections. Ils avaient trouvé bien mieux…

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On nous l’a répété à l’école, au collège, au lycée, à la fac, à la télé, dans les journaux, on nous le serine à longueur de journée : voter est un droit, un devoir et une chance qui permet de garantir la pérennité de la « démocratie »… Alors d’accord, on vote, pour un type qu’on n’a pas choisi, à qui on donne plein pouvoirs pour 5 ans et qu’on ne pourra pas révoquer même s’il fait n’importe quoi, mais peu importe, au final ça ne change jamais rien en profondeur. Nous avons le choix de l’alternance, certes, mais aucune alternative à ce choix, ce qui pose un réel problème démocratique. Car depuis longtemps déjà, l’aristocratie mercantile (du grec « aristos », les meilleurs) qui a remplacé l’ancienne noblesse et qui nous dirige, ne se préoccupe pas de l’intérêt général… Car ce sont bien les « meilleurs » qui nous gouvernent, non ? Venus de l’ENA, formés (entre autres) par de grands partis, des banques et bien sûr des think tanks, ayant triomphé de tous leurs adversaires par tous les moyens, aucun doute n’est permis… Ce sont tous des tueurs.

Aujourd’hui dans les partis, on ne fait plus de politique. on se bat pour le pouvoir et on fait carrière. Gauche, droite, c’est juste une question d’opportunités et de familles, peu importe finalement, puisqu’on sait qu’on se refilera tranquillement le pouvoir grâce à cette fameuse alternance. L’état est devenu un gros gâteau juteux qu’on peut saigner à blanc, à tour de rôle, c’est une sorte de tournante qui ne s’arrête jamais, saveur droite, saveur gauche… Sauf que l’état, en l’occurrence, c’est nous tous. Et que nous sommes de plus en plus nombreux à refuser cette situation. Beaucoup utilisent le seul moyen légal mis à disposition : le vote, et votent « extrême » pour exprimer leur colère. De l’extrême droite à l’extrême gauche, ça commence à représenter du monde… Mais élire ces gens n’améliorera malheureusement pas notre situation, j’en ai peur…

 

Pour comprendre le vrai problème, il faut remonter aux origines, c’est à dire à la révolution française de 1789, voulue notamment par une bourgeoisie très riche qui ne voulait plus du tiers état qui s’accaparait tous les pouvoirs. Il est clairement établi dans les textes de la pensée révolutionnaire (abbé Seyès) que la France ne saurait être une démocratie, mais une république dotée d’un gouvernement représentatif. Et oui, à part Robespierre et quelques autres, nul ne voulait d’une véritable démocratie. Ils voulaient un jouet qu’ils pourraient contrôler longtemps. Et l’arnaque sémantique a commencé. Elections=démocratie. Car qui contrôle les élections contrôle le régime. Depuis 200 ans, une évidence s’impose : dans notre « démocratie représentative » (quelle association de mots contradictoires !), ce sont toujours les riches qui ont exercé le pouvoir. Toujours. Et aujourd’hui plus que jamais. Notez l’utilisation frauduleuse de ce mot pour désigner un régime représentatif, quand la démocratie est par essence directe… On s’est fait rouler, les gars.

Mais qu’est véritablement la démocratie et pourquoi personne n’a repris le flambeau ?

D’abord je voudrais signaler qu’il ne s’agit pas ici d’une utopie. Une utopie est ce qui n’a pas encore été testé, là on a testé le système pendant plus de deux cents ans. Et il marchait très bien, jusqu’à son écrasement par Sparte, qui ne tarda pas à rétablir la dictature.

Une démocratie est une société humaine, de libre expression, où les parlementaires décidant de la constitution, de l’exécutif et du législatif, sont régulièrement tirés au sort au sein de la population. Oui, oui, vous avez bien lu : vous, votre boulanger, le balayeur, le postier ou le prof de vos enfants pouvez devenir pour un an un parlementaire. Chaque citoyen a le devoir de se plier à l’obligation, sauf problème médical sérieux. On ne peut être « tiré » qu’une fois. Pas de partis, pas de gauche ou de droite, pas de corruption, pas de professionnalisation du pouvoir. Bye bye tous les parasites et les intermédiaires. Et une liberté totale de choix pour demain.
Les votes à l’assemblée ne se font pas en fonction des lobbies ou des étiquettes politiques mais simplement en fonction des convictions des individus. Ça fait une sacrée différence…

L’idée de base est assez simple : si les gens qui veulent le pouvoir s’en servent de manière partiale et égoïste pour s’y maintenir, il suffit donc de donner le pouvoir pour un temps court à ceux qui n’en veulent pas, n’ayant aucun intérêt particulier à défendre, ceux-ci l’utiliseront forcément pour mieux servir l’intérêt général que des politiciens n’ayant en tête que leur réélection. Remplacer les loups par les moutons pour mieux garder la bergerie, ça ne parait pas si bête, à priori…

Pourquoi ce système, si génial qu’il sert encore de référence absolue quelques 2500 ans plus tard, n’a-t-il jamais été repris ? Et bien peut-être tout simplement parce que depuis, les gens qui sont au pouvoir ne tiennent pas spécialement à le partager. Qu’il s’agisse de Rome et de son sénat aristocratique, de la France monarchique et de son tiers état, du gouvernement représentatif capitaliste, ou encore des dictatures communistes, qui aurait en effet intérêt à ce qu’une réelle démocratie s’instaure ? Ni les politiques, ni leurs maîtres, c’est certain. Pour les 99% restants, c’est une autre affaire.

Pourquoi pas une seule de nos soit-disants démocraties occidentales n’est-elle une vraie démocratie ? Parce que nous ne sommes que des électeurs, et pas des citoyens. A cause des constitutions, évidemment, écrites par des gens en conflit d’intérêt avec ce texte suprême censé restreindre leurs pouvoir et protéger le peuple de leurs abus. Pour être crédible, une constitution devrait toujours être d’initiative citoyenne, or cela n’a jamais été le cas. Elles sont toujours écrites par des élus, des juges, des politiques et des experts. Comment ces gens, qui détiennent déjà le pouvoir, pourraient-ils eux-mêmes écrire en toute bonne foi un texte qu’ils sont censés craindre ? Ça ne peut pas marcher, c’est une escroquerie. Il y a plus de deux millénaires, à Athènes, les citoyens eux-même édifièrent leur constitution, discutant ensemble chaque point à l’Agora, garantissant la sécurité interne de leur système. On peut et on doit faire pareil aujourd’hui.

A ceux qui m’objecteraient qu’à l’époque les femmes et les esclaves n’avaient pas le droit de vote, et autres poncifs historiques, je répondrais qu’il suffit de leur donner aujourd’hui. Cela ne change en rien l’équation et les innombrables avantages d’un pouvoir aussi partagé.

A ceux qui me rétorqueraient que c’est vieux et obsolète, je conseillerais d’essayer de faire la démonstration du théorème de Thalès, qui est encore plus vieux, qu’on rigole un brin devant l’obsolescence de la pensée antique.

A ceux qui me diraient que c’était tout petit, et que c’est impossible à l’échelle de notre pays, je répondrais qu’Athènes avait la taille d’une de nos (grosses) communes. Et que fédérer des communes, des départements et des régions, ça n’a rien de sorcier, à priori. On sait le faire.

A ceux qui vont me dire que seuls des « experts compétents » peuvent gérer un pays, je répondrais que je ne vois pas comment le pays pourrait être plus mal géré et par plus incompétent que nos professionnels du pouvoir et leurs cliques, aux ordres affichés de commerçants internationaux sans scrupules. Je leur répondrais que je préfère croire en nous. Il est d’ailleurs amusant de constater que beaucoup de « démocrates » s’alarment tant à l’idée de placer des citoyens ordinaires au pouvoir. Démocrate, mais pas trop… De plus, le haut fonctionnariat se charge toujours d’effectuer les affaires courantes et d’appliquer les lois, quel que soit le pouvoir en place.

Une évidence s’impose : en 200 ans d’existence, soit autant que notre système actuel depuis la révolution, les très riches n’ont jamais eu le pouvoir dans la démocratie athénienne. Jamais. Et les citoyens athéniens tirés au sort ont toujours défendu bec et ongles l’intérêt général, contrairement à nos fiers représentants actuels. Il faut dire qu’ils n’avaient pas à se soucier de la suite de leur carrière, eux…

Le Front de Gauche parle de « révolution citoyenne ». Bien sûr, ça m’a parlé. L’idée est intéressante, mais comment celle-ci serait-elle possible en gardant le système électif actuel ? Car une constituante, fut-elle élue à la proportionnelle, ne nous proposerait rien d’autre que les mêmes politiciens qu’aujourd’hui, les mêmes partis, les mêmes erreurs… Pour « qu’ils s’en aillent tous », il n’y a qu’une possibilité crédible : les rendre inutiles en transformant les électeurs en citoyens actifs et votant eux-mêmes leurs lois. Je doute qu’un parti propose un jour cette solution, car évidemment, pour tous nos élus, cela signifierait le chômage. Mais heureusement, je ne doute pas que nombre d’entre eux n’auront aucun problème à se reconvertir dans le privé.

Alors comment faire pour instaurer un tel système ?

Dans un premier temps, il faut parler, et convaincre, car une majorité de gens sont très hostiles à l’idée de supprimer le vote, à laquelle ils sont très attachés (le mot ne me paraît pas trop faible). L’absence de vote évoque immédiatement la dictature dans l’inconscient collectif. Pourtant, je rappellerais à tous la phrase de Tocqueville : « je ne crains pas le suffrage universel, car les gens voteront comme on leur dira ». Et le fait est qu’on a beau chasser les uns pour les remplacer par les autres – pourtant chassés au tour d’avant ! – la situation parait corneillienne…

L’idée du tirage au sort effraie aussi par son aspect hasardeux et l’absence totale de choix rationnels des personnes « choisies », mais c’est là que réside le génie de la chose : mathématiquement, c’est très juste. Une assemblée tirée au sort est forcément plus représentative de l’ensemble de la population que des élus triés parmis l’élite des grandes écoles. De plus, la corruption devient compliquée : on ne sait pas qui va être « tiré », les parlementaires ne restent qu’un an, impossible de bénéficier d’appuis politiques à long terme pour les énormes boites qui ont l’habitude de financer les élections de Pipo ou Jambon.

Aujourd’hui, en France, tous les grands médias sont sous contrôle, les multinationales pillent les pays et les élus défont les référendums. Bref, pour la démocratie, la vraie, faut repasser par la case « départ »…

Je précise que les idées exprimées ici ne sont qu’une vulgarisation rapide et lapidaire de l’énorme travail d’Etienne Chouard, qui m’a permis d’ouvrir les yeux sur bien des sujets :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/

Vous trouverez notamment sur son site des essais de « constitution idéales », réalisés avec d’autres internautes, absolument passionnants. Il y a plusieurs écoles, dont une qui incluerait une assemblée élue avec les partis et une assemblée citoyenne en garde-fou. D’autres préconisent des état-cités fédérés. Certain sont plus centralisateurs. Bref, le terrain est fertile. Je ne saurais que trop vous inviter à découvrir par vous-même l’argumentaire de ce monsieur qui pointe du doigt un malaise qu’on avait du mal à nommer jusqu’ici…

Bon vent à tous en ces temps agités.

Source : http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pas-de-demos-kratos-sans-tirage-au-117635


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